- TURQUIE - Actualité (1990-1996)
- TURQUIE - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique turquePolitique intérieureLe 11 avril 1991, à l’initiative du président Turgut Özal, le Parlement adopte une loi levant l’interdiction de l’usage privé de la langue kurde, proscrite en Turquie depuis 1983, abrogeant les articles du Code pénal réprimant le délit d’opinion, annulant les condamnations à mort et décidant des remises de peines devant entraîner la libération de 43 000 détenus.Le 5 août, l’armée turque engage une «opération de nettoyage» dans le nord de l’Irak contre les bases du Parti des travailleurs du Kurdistan (P.K.K.), groupe armé indépendantiste rassemblant des Kurdes turcs, responsable de nombreuses actions terroristes dans le sud-est de la Turquie. Cette action militaire est condamnée par l’U.R.S.S. et par plusieurs capitales occidentales, alors que les forces alliées sont stationnées dans la région pour protéger les populations kurdes irakiennes.Le 20 octobre se déroulent les élections législatives. Au pouvoir depuis 1983, le Parti de la mère patrie (A.N.A.P.) subit un grave revers et perd la majorité en n’obtenant que 115 sièges (– 177) sur les 450 à pourvoir. Le Parti de la juste voie (D.Y.P., conservateur) de Süleyman Demirel, le grand vainqueur du scrutin, remporte 178 sièges (+ 119). Le Parti populiste social-démocrate (S.H.P.) d’Erdal Inonu obtient 88 sièges (– 11). La surprise du scrutin réside dans les résultats du Parti de la prospérité (R.P., extrémiste islamique), qui obtient 62 sièges alors qu’il n’était pas représenté dans l’Assemblée sortante. Dans les provinces du Sud-Est, le Parti travailliste du peuple (pro-kurde), dont les candidats se sont présentés sous l’étiquette du S.H.P., obtient près de 70 p. 100 des voix. Süleyman Demirel devient Premier ministre et forme le 20 novembre un gouvernement de coalition avec le S.H.P. Son programme prévoit de ramener la Turquie dans la communauté des pays démocratiques, condition nécessaire à tout rapprochement avec la C.E.E.Le 21 mars 1992, une flambée de violence embrase le Sud-Est anatolien, où le P.K.K. lutte depuis 1984 contre les forces armées turques. Le 26, le chancelier allemand Helmut Kohl suspend toute livraison d’armes à Ankara pour protester contre la violence de la répression parmi la population civile.Le 18 août, un millier de séparatistes du P.K.K. lancent une vaste opération militaire à Sirnak, dans le Kurdistan, contre des bâtiments administratifs et militaires. La répression de l’armée turque à l’encontre des habitants de Sirnak est très meurtrière.À partir du 5 octobre, dans le nord de l’Irak, de violents affrontements opposent les peshmergas, combattants kurdes irakiens, aux séparatistes kurdes turcs du P.K.K. Les peshmergas craignent que les actions terroristes du P.K.K. ne nuisent à la cause kurde. Le 6 novembre, les séparatistes concluent avec les peshmergas un accord qui prévoit leur désarmement et leur transfert hors d’atteinte des troupes turques. Les «opérations de sécurité» turques en territoire irakien cessent bientôt.Le 24 janvier 1993, à Ankara, Ugur Mumcu, célèbre éditorialiste du quotidien de gauche Cumhuriyet , est assassiné. Plusieurs formations islamiques revendiquent l’attentat contre ce kémaliste convaincu qui avait consacré de nombreux articles à la montée de l’intégrisme islamique dans son pays. En 1990, 4 personnalités kémalistes avaient été victimes d’attentats islamistes. Le Premier ministre Süleyman Demirel dénonce le «travail de l’étranger», désignant implicitement l’Iran. Le 27, les obsèques du journaliste donnent lieu à la plus grande manifestation contre l’intégrisme organisée dans le pays depuis 1977.Le 17 mars, le dirigeant rebelle du P.K.K., Abdullah Ocalan, annonce un cessez-le-feu unilatéral du 20 mars au 15 avril et appelle à l’engagement d’un «processus de paix, d’amitié et de fraternité historique entre les Turcs et les Kurdes». Le Premier ministre refuse d’ouvrir des négociations, mais reporte l’offensive de printemps contre le P.K.K.Le 17 avril, décès du président Turgut Özal. Le président de l’Assemblée nationale, Husamettin Cindoruk, assure l’intérim.Le 16 mai, Süleyman Demirel est élu président par les députés.Le 8 juin, Abdullah Ocalan annonce la fin de la trêve. L’espoir d’une solution politique s’évanouit après l’attaque d’un convoi par les rebelles kurdes, près de Bingöl (sans l’autorisation de la direction du P.K.K), dans laquelle 33 militaires sont tués; 90 militants du P.K.K. avaient été tués depuis la trêve de mars. Le 24, des militants du P.K.K. investissent des missions diplomatiques turques et s’en prennent à des entreprises turques en France, en Allemagne et en Suisse. Le 27, un attentat à l’explosif blesse 26 personnes, dont 12 touristes étrangers, à Antalya, sur la côte méditerranéenne. Le P.K.K., qui avait annoncé qu’il allait attaquer des cibles touristiques, dément toutefois en être l’auteur.Le 13 juin, le D.Y.P. désigne Tansu Ciller à sa tête pour succéder à Süleyman Demirel. Le 14, elle constitue le gouvernement, à la demande du président Demirel. Ministre de l’Économie dans le précédent cabinet, Tansu Ciller est la première femme à accéder aux fonctions de Premier ministre turc. La composition de son cabinet illustre la reconduction de l’alliance avec le S.H.P. ainsi que la volonté du Premier ministre de se séparer de la vieille garde du D.Y.P. Le 5 juillet, elle obtient la confiance de l’Assemblée nationale.Le 2 juillet, 37 personnes sont tuées à Sivas, en Anatolie, dans l’incendie d’un hôtel dû à des musulmans intégristes. Ces derniers étaient près de 10 000 à manifester contre la présence dans la ville de l’écrivain polémiste et militant laïque Aziz Nesin, qui logeait dans l’hôtel. L’écrivain est indemne.Le 12 juillet, le P.K.K. revendique l’enlèvement de 2 touristes, une Australienne et un Britannique disparus le 5 dans le Sud-Est anatolien. En échange de leurs otages, les rebelles exigent un cessez-le-feu des forces turques, qui exercent une répression meurtrière contre les foyers séparatistes kurdes. Le P.K.K. cherche autant à affaiblir le tourisme qu’à sensibiliser les Occidentaux. Le 17, des attentats contre 3 hôtels d’Antalya font 1 mort, turc. Le 24, un groupe de touristes français est intercepté près de Van, en Anatolie, par un commando du P.K.K. Ils seront libérés le 10 août, suivis le 11 par les touristes australien et britannique. D’autres enlèvements ont lieu en août.Les résultats des élections municipales du 27 mars 1994 sont marqués par la forte poussée islamiste: le R.P. de Necmettin Erbakan recueille 19,01 p. 100 des suffrages. Avec 21,49 p. 100, le D.Y.P. de Tansu Ciller conserve sa place de première formation politique du pays, devançant de peu l’A.N.A.P. (21,02 p. 100).Le 2 avril, 2 touristes sont tués et plusieurs blessés dans l’attentat contre le Grand Bazar d’Istanbul; l’attentat est revendiqué par l’Armée populaire de libération du Kurdistan, une des branches du P.K.K. La saison touristique 1994 est compromise.Le 8 décembre, la Cour de sûreté de l’État condamne 5 députés kurdes à 15 ans de prison pour «assistance à un groupe armé», le P.K.K. – l’accusation de trahison qui les rendait passibles de la peine de mort avait été abandonnée; 3 autres élus kurdes sont condamnés à des peines d’emprisonnement plus légères. Ils appartenaient tous au Parti travailliste du peuple (pro-kurde) qui a été dissous. Les conditions dans lesquelles s’est déroulé le procès et le verdict sont dénoncés par les observateurs étrangers, notamment européens.Le 26 décembre, la même Cour condamne à 15 ans de prison 26 militants islamistes accusés de meurtre après les incidents de juillet 1993 à Sivas; 60 autres sont condamnés à 3 ans d’emprisonnement. L’écrivain laïque Aziz Nesin doit être jugé pour insulte à la religion.Le 12 mars 1995, un attentat dirigé contre des établissements fréquentés par des alevis, minorité chiite favorable à la laïcité, fait 2 morts. Les 13 et 14, entre 15 et 30 personnes sont tuées lors de la répression des manifestations de protestation organisées par les alevis, à Istanbul et à Ankara.Le 23 juillet, le Parlement adopte les projets d’amendements constitutionnels présentés par le gouvernement de Tansu Ciller, qui visent à démocratiser les institutions héritées du régime militaire. Le succès du projet résulte d’une coopération entre la coalition au pouvoir et l’A.N.A.P. de Mesut Yilmaz, principale formation de l’opposition.Le 20 septembre, à la suite du retrait de la coalition gouvernementale du Parti républicain du peuple (C.H.P., social-démocrate) de Deniz Baykal – nouvelle dénomination du S.H.P. –, le Premier ministre Tansu Ciller présente sa démission. Le 5 octobre, elle forme un nouveau gouvernement minoritaire qui doit bénéficier du soutien sans participation du Parti d’action nationale (M.H.P., extrême droite) d’Alparslan Türkes et du Parti de la gauche démocratique (D.S.P., centre gauche) de Bülent Ecevit. Le 15, le Parlement lui refuse son investiture. Le 26, des élections législatives anticipées sont convoquées. Le 30, Tansu Ciller présente un nouveau gouvernement qui reconduit la coalition composée du D.Y.P. et du C.H.P.Le 1er décembre, la Cour de sûreté de l’État acquitte l’écrivain kurde Yachar Kemal, qui était poursuivi pour propagande séparatiste, au titre de l’article 8 de la loi antiterroriste, pour avoir accusé le régime d’Ankara, dans un article de presse, d’«opprimer les Kurdes de Turquie». Son acquittement fait suite à la révision de l’article 8, lors de la modification de la Constitution, qui a déjà permis la libération de 114 prisonniers d’opinion.Le 14 décembre, le chef du P.K.K., Abdullah Ocalan, affirme sa volonté de trouver une solution politique au conflit qui l’oppose au régime d’Ankara. Il annonce un cessez-le-feu unilatéral jusqu’à ce que le nouveau gouvernement fasse connaître sa position sur le dossier kurde.Le 24 décembre, le R.P. de Necmettin Erbakan arrive en tête lors des élections législatives anticipées, avec 21,32 p. 100 des suffrages et 158 sièges sur 550. Il devance les 2 grandes formations conservatrices du pays, l’A.N.A.P. – 19,66 p. 100 des voix et 132 députés – et le D.Y.P. – 19,20 p. 100 des suffrages et 135 élus. Le D.S.P. obtient 14,65 p. 100 des voix et 75 élus; le C.H.P., 10,71 p. 100 des suffrages et 50 sièges.Le 4 janvier 1996, 3 détenus appartenant au Front révolutionnaire de libération populaire (D.H.K.P.-C., ex-Dev Sol) sont tués lors de la répression d’une mutinerie à la prison de haute sécurité d’Umraniye, à Istanbul. Le mouvement, qui vise à obtenir de meilleures conditions de détention, s’étend à d’autres établissements où des prises d’otages ont lieu. Le 9, les mutins regagnent leurs cellules après avoir obtenu le renvoi du directeur de la prison d’Umraniye.Le 28 février, le D.Y.P. et l’A.N.A.P., traditionnels rivaux, concluent un accord de gouvernement qui prévoit une rotation de leurs dirigeants à la tête d’un gouvernement minoritaire de coalition.Le 6 mars, le président Demirel nomme Mesut Yilmaz (A.N.A.P.) Premier ministre. Le 12, le Parlement investit le gouvernement de coalition qui bénéficie du soutien conditionnel du Parti démocratique de la gauche.Le 25 mai, le D.Y.P. annonce qu’il retire son soutien au gouvernement de Mesut Yilmaz, auquel il participe pourtant.Le 6 juin, Mesut Yilmaz annonce la démission de son gouvernement qui était menacé par une motion de censure déposée par le R.P., et que le D.Y.P. s’apprêtait à voter. Le 28, le chef du R.P., Necmettin Erbakan, est nommé Premier ministre d’un gouvernement de coalition formé avec le D.Y.P., dont le programme est modéré et pragmatique. Le Parlement l’investit le 8 juillet. C’est la première fois depuis l’instauration de la République, en 1923, que les islamistes participent au gouvernement en Turquie.Le 21 juillet, un premier détenu en grève de la faim meurt à la prison d’Umraniye. Douze autres détenus meurent dans les mêmes conditions au cours du mois. Le 27, un accord intervient entre les autorités et les grévistes de la faim qui obtiennent la fermeture de la prison de haute sécurité d’Eskisehir, dans le centre du pays, ainsi que l’amélioration de leurs conditions de détention.Vie économiqueEn 1990, l’économie continue à bénéficier de la relance amorcée au cours du second semestre de 1989, avec la revalorisation salariale dans les secteurs public et privé, l’augmentation des prix agricoles, la libéralisation accrue des importations et l’appréciation de la livre en termes réels. Mais cette stratégie n’atteint pas son objectif essentiel, qui était la lutte contre l’inflation par les coûts en exposant l’industrie nationale à la concurrence internationale. Les espoirs du président Turgut Özal sont également déçus sur le plan des relations économiques internationales. Son engagement au côté des puissances occidentales dans la confrontation avec l’Irak n’a pas modifié l’attitude de la C.E.E. au sujet de la demande d’adhésion qu’Ankara avait déposée en 1987. Le 5 février, les Douze répondent que le dossier ne sera examiné qu’après 1992. Le manque à gagner de la Turquie en raison de la crise du Golfe est diversement évalué, entre 3 et 9 milliards de dollars. Le surcoût des approvisionnements pétroliers (assurés précédemment à 60 p. 100 par l’Irak) est estimé à 2 milliards. Mais l’attitude d’Ankara dans la crise lui vaut de retrouver la faveur de la Banque mondiale, conformément aux souhaits exprimés par le G7 en septembre à Washington.En 1991, le gouvernement de coalition de Süleyman Demirel poursuit la politique d’ouverture et de défense de la monnaie, et décide en revanche que des coupes importantes interviendraient dans les dépenses publiques et que la politique fiscale serait plus rigoureuse. Le programme du gouvernement, annoncé le 21 novembre, est salué par une forte hausse de la Bourse traduisant la confiance des milieux d’affaires.En 1992, l’augmentation de la demande intérieure après les hausses de salaires consenties l’année précédente avant les élections donne un coup de fouet à l’économie. Le P.N.B. enregistre une forte progression. L’inflation reste un des points faibles de l’économie.En 1993, le dynamisme de la conjoncture, marquée par une consommation exubérante, un crédit abondant et un afflux de capitaux étrangers ne peut occulter les risques pour l’avenir. L’inflation ne diminue pas. Le déficit de la balance courante menace d’amputer les réserves de la banque centrale. Le gouvernement fait appel au marché international des capitaux, ce qui accroît l’endettement du pays. La gestion budgétaire est empreinte du même laxisme. Le gouvernement compte sur les privatisations pour assainir les finances de l’État. Les 240 entreprises du secteur public absorbent environ 30 p. 100 des investissements et leurs pertes sont responsables de 20 p. 100 du déficit budgétaire. Le 25 juin, le Parlement autorise le gouvernement à légiférer par décrets dans un certain nombre de domaines économiques, dont les privatisations. À la suite d’une action intentée par les députés du S.H.P., attachés aux principes de l’économie dirigée, la Cour suprême annule en octobre le décret de privatisation des postes et télécommunications. Le gouvernement réplique en publiant un autre décret, concernant la vente de T.E.K. (première société turque de distribution de carburants), ce qui amorce une nouvelle contre-offensive des opposants.En 1994, la reprise modérée de l’activité durant le second semestre permet de réduire l’ampleur de la récession provoquée par la crise financière du début de l’année. Cette dernière résultait de la prospérité fragile de 1993, fondée sur un emballement de la consommation et du crédit. Le 28 janvier, la livre est dévaluée de 12 p. 100. Le 5 avril, après les élections municipales, le gouvernement annonce un programme draconien d’ajustement structurel destiné à contrôler une inflation dont le taux n’en dépasse pas moins 100 p. 100 sur l’année. Il prévoit de diminuer le déficit budgétaire – par le biais d’un gel des salaires, d’une hausse des taxes et d’une suppression de la plupart des subventions à l’agriculture – et de relancer les privatisations. Satisfait de ces mesures, le F.M.I. accorde à la Turquie un crédit stand-by de 960 millions de dollars. Le 25, le Parlement adopte une loi qui doit conduire à l’indépendance de la banque centrale.En 1995, le redressement rapide de l’économie se fait aux dépens des classes déjà défavorisées, ce qui explique en partie le succès des islamistes aux élections législatives. La remontée de la demande intérieure se traduit par un gonflement du déficit commercial. À la fin de l’année, dans la perspective des élections, le gouvernement assouplit sa politique de rigueur et les objectifs fixés par le F.M.I. s’éloignent: les privatisations sont à peine engagées, l’inflation et les taux d’intérêt sont en hausse, la livre se déprécie. Les augmentations de salaires consenties aux fonctionnaires en octobre, à l’issue d’une grève de 6 semaines, contribuent à accroître le déficit budgétaire.En 1996, l’entrée en vigueur de l’union douanière avec l’Union européenne provoque un accroissement du déficit commercial. Les importations favorisent l’augmentation de la production industrielle, ce qui entraîne une hausse de la croissance. L’inflation augmente également fortement. Le déficit budgétaire et l’endettement public atteignent des niveaux d’autant plus préoccupants qu’aucune politique de réformes structurelles n’est sérieusement entreprise.Relations internationalesEn juillet 1991, les Alliés, qui ont défait l’armée irakienne en février, mettent en place dans le sud de la Turquie une force d’intervention rapide, afin de dissuader toute intervention irakienne contre les populations kurdes. Les Alliés se sont retirés de la zone de sécurité créée en avril afin de permettre aux réfugiés kurdes fuyant la répression irakienne de quitter les frontières turque et iranienne.Le 25 juin 1992, réunis à Istanbul à l’initiative de la Turquie, les chefs d’État et de gouvernement de 11 pays des Balkans et de l’ex-U.R.S.S. signent un accord qui crée une zone de coopération économique de la mer Noire.Le 18 février 1994, la Turquie, l’Albanie, l’Italie et la Bulgarie ouvrent un couloir routier et ferroviaire à la Macédoine après l’annonce du blocus imposé à Skopje par Athènes.Le 6 mars 1995, la Turquie et l’Union européenne signent un accord d’union douanière qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 1996. Les Quinze décident également de reprendre leur aide financière qui était suspendue depuis le coup d’État des militaires, en septembre 1980. Depuis l’adhésion de la Grèce à la C.E.E., en janvier 1981, Athènes bloquait toute négociation avec Ankara. En échange de la levée de son veto, la Grèce obtient que des négociations s’engagent sur l’adhésion de Chypre à l’Union, après le règlement du conflit qui oppose les communautés grecque et turque de l’île. Les parlementaires européens subordonnent la ratification de cet accord à la démocratisation du régime turc.Le 20 mars, l’armée turque lance une vaste opération contre les bases arrière du P.K.K. situées en territoire irakien, dans la zone d’exclusion instaurée au nord du 36e parallèle par la coalition anti-irakienne, en avril 1991. Quelque 35 000 hommes appuyés par des blindés et par l’aviation participent à l’opération Acier. La Turquie avait déjà mené une opération similaire en octobre 1992. Les réactions internationales, et notamment irakiennes, sont modérées. Une partie des troupes turques sont rapatriées en avril. L’opération s’achève le 4 mai. Le bilan officiel est de 555 morts et 543 prisonniers dans les rangs du P.K.K. et de 58 soldats tués.Le 15 décembre, le Parlement européen ratifie le traité d’union douanière entre les Quinze et la Turquie. Une résolution appelle les autorités turques à poursuivre la réforme des institutions et à trouver une solution politique au problème kurde.Le 1er janvier 1996, l’union douanière avec l’Union européenne entre en vigueur.Le 31 janvier, la Grèce et la Turquie acceptent, sous la pression des États-Unis, de retirer les navires et les troupes qu’elles avaient dépêchés autour de l’îlot d’Imia, en mer Égée, où la contestation par Ankara de la souveraineté d’Athènes sur cet îlot avait provoqué un regain de tension entre les 2 pays.Le 15 février, la Turquie signe avec Israël un accord de coopération militaire.Le 14 juin, Habitat II, la deuxième conférence des Nations unies sur les villes, s’achève à Istanbul. La déclaration finale met l’accent sur le rôle central des villes dans le processus de développement. La notion de droit au logement divise les participants.
Encyclopédie Universelle. 2012.